Tout ne va pas si mal

par Dr Awkward

Tout ne va pas si mal quand ça va encore bien. On s’arrange on s’y fait, on se satisfait de ces pointes de fer qui nous taraudent les hanches, pauvres pantins perdus dans cette pantomime. Oh ! bien sûr on s’agace, parfois, pour un rien. Surpris nous-mêmes par la violence de ces jaillissements on rejette la faute, on s’enivre, on s’aveugle, pour ne pas voir que la grimace qui nous fait face est le miroir de nos lâchetés.

Car tout est là, étalé devant nos regards aveugles —l’œil perçoit mais l’esprit est crevé. Et on se perd, soi, à vivre ainsi comme une loque dont se moque le destin. Coquin de sort, à nos âmes désemparées que fais-tu donc subir ? Faut-il donc s’armer de patience, ou de cruauté, de tendresse ou bien, quoi, de légèreté ? Eh, comment faire quand le quotidien agite devant nous ses chiffons rouges, mène la danse par le bout du nez tandis que nous trébuchons têtus tâtonnants titubants, chercheurs d’or grattant la mauvaise montagne.

Qu’il est pénible et rassurant le droit chemin, difficile pourtant mais, moins. Alors marchons, marchons, nous arriverons forcément quelque part même si nous tournons en rond. Et c’est déjà pas mal, non ? L’espoir faiblit et plus on recule moins on ose sauter, nos habits empesés d’habitudes trop lourdes, de bonheurs qui nous enchaînent et nous font dire que… Tout ne va pas si mal.