Coup de filet mignon

par Dr Awkward

« Patate ! » Je me baisse. « Encore ! » Je saute de côté, fait une roulade, me relève en agrippant la grille et en jurant un bon coup car j’y laisse quelques plumes. La porte rouge est là, tout près mais il me faut traverser la zone découverte et je constate bien qu’ils manient le patator avec adresse.

Tout avait bien commencé pourtant, ce matin : je prenais mon petit déjeuner (café, baguette et confiture instantanés) tranquillement chez moi quand Justin, mon voisin et maintenant soutien logistique et moral, était venu tambouriner dans mes esgourdes enfarinées de sommeil.

« Grouille-toi d’escavasser mon pote, y’a la police végé qui est tombée sur une photo de toi taillant une bavette avec un agent de circulation, t’es cuit !

— Hein ?

— Calte vite, te dis-je, t’es sous mandat, ils veulent te passer les noisettes à la friteuse ! Allez suis-moi, on dégage par le circuit de ventilation. Vas-y, quoi, traîne pas en caleçon ! »

Après une reptation aussi angoissante qu’une nuit infinie avec une gorgone radio-active, on avait déboulé dans un terrain vaguement familier mais à la fois différent..

Qu’est-ce qui m’avait pris de discuter le bout de gras avec cette accorte représentante de l’ordre des Flammes purificatrices ? Ah, ma couenne, t’es mal tombée on dirait.

Pendant que se rejouait cette matinée de cauchemar sur l’écran de mon esprit, embrumé comme un puits de centrale au plutonium transgénique, je n’avais pas vu arriver sur moi la milice avec leur filet à provision. Tout d’un coup les voilà sur mon dos et leurs matraques aubergines me rouent de coup. Ma vue se brouille, on  me soulève et me jette sur une carriole bâchée. C’en est fait de moi, je vais sûrement finir à la casserole… J’espère qu’au moins je suis mignon en filet !