La nouvelle

par Sandrynn

Et cette pluie, traitresse, qui tombe. Lentement, en silence, comme un messager secret des pensées lointaines et obscures.

Là-bas au fond, les nuages s’amoncellent pour former une gigantesque masse noire difforme, prête à tout instant à fondre en déversant sa colère.

Le bruit sourd et grondant de la nouvelle, tel les sabots d’un cheval puissant lancé au galop portant sur son dos celui qui doit annoncer l’urgence et la détresse dans un climat de tension pour attiser l’électricité qui déjà dresse les cheveux sur la tête. Sombre cavalier, sombre nouvelle, sombres pensées pesantes.

La sentence tombe, en un éclair, déchirant, trop vif, trop soudain, dans un silence, n’éclairant que du vide. Vide de pensée, vide d’action, vide de vie. Le temps semble figé. Personne n’ose même respirer alors. Déni, rien ne s’est passé, hallucination collective. Où sommes-nous ? Que sommes-nous ?

Alors cette masse informe et si noire crève et déverse sa pluie avec rage, essuyant alors toute dignité, ne laissant que l’outrageuse véracité de la nouvelle. Vérité cruelle, déchirante.

Un grand bruit sec, comme un cri du cœur déchiré en deux. Impuissance, douleur, colère. Et cette eau qui n’en finit pas de tomber avec force, comme pour laver l’affront de l’annonce et l’immobilisme forcé et coupable qu’elle provoque en chacun.

Silence, brisé par le seul bruit de ce torrent ennemi indispensable.

Après ce qui semble être une éternité, l’eau coule plus douce comme une caresse. Comme si la source se tarissais, finissant de verser ce qui reste de vivant en elle. Ne laissant rien d’autre que le silence, le vide. Effarés, terrassés, cherchant une étincelle de lumière dans nos yeux éteints, quelques bribes d’espoir et de vie auxquelles s’accrocher.

Un faible sourire alors. Se rapprocher, s’appuyer les uns sur les autres pour se relever. Partager ce qui nous reste de chaleur enfouie quelque part dans nos cœurs et nos âmes dévastées. La partager pour qu’elle devienne plus forte plus grande et fasse briller à nouveau le soleil salvateur qui achèvera de reprendre ses droits sur la vie.

Alors peut-être l’espoir deviendra réalité. Il le faut.