La forêt et la mouette
par Olivier Ramonteu
Ça fait haut quand même, vu d’ici. 300m de falaise, comme un prolongement de mes jambes. 300m de vide dont le silence semble battre contre ma poitrine. Je ne suis même pas sûr de ce que je vois tout en bas, avant la cime des arbres. Est-ce un rocher de granit ? Un peu de terre et de graviers ? L’arête aiguë du roc ? Quel contraste avec cette grande mer verte qui ondule langoureusement au gré d’un vent chaud et lent ! Qu’elle semble calme et bienveillante ! Si je prenais assez d’élan, peut-être parviendrais-je à l’atteindre pour finir absorbé dans ses grands bras aimants, sentant le pin et la lavande.
Je sens comme un picotement au bout de mes pieds. Comme si quelque chose voulait sortir de moi par cette extrémité de mon corps. Je les sens frotter la terre meuble et je vois quelques cailloux tomber lentement le long de la paroi et disparaître infiniment minuscules et sublimes. Au-dessus de moi, une mouette tourne en rond. Je la sens. Je l’entends battre des ailes puis disparaître dans l’immensité arctique de l’azur.
Une main se pose sur mon épaule. Je souris.