La danse du vent – Exil

par Dr Awkward

Exil, inexorable déchirement, tu m’emportes à fond de cale. Privée de lumière je tangue, sanglée près du corps, tenue fermement ; tu tiens à moi. Je suis ta précieuse prisonnière, clandestin anonyme d’auguste origine.
Les semaines passent ; te souviens-tu de moi ? J’attends mon heure.

Déliée enfin, déchargée de nuit ; aurais-tu peur de moi ? J’attends toujours au fond de tes souvenirs, accrochée à ta mémoire.

J’use ma jeunesse au milieu de ton harem, te vois passer sans m’approcher ; pourquoi m’ignorer ? J’étouffe ici, ne le vois-tu pas ? Si seulement tu posais tes yeux sur moi mon infortune serait plus supportable…

Enfin mon espoir renaît, ta main s’approche et tu me soulèves —j’exulte après tant d’années loin du soleil et de toi. Heureusement tu prends ton temps, savoure autant que moi ces retrouvailles. Nous communions, les années s’effacent et nous glissent dessus comme la robe de velours que nous portons toutes les deux.
Enfin je me glisse hors de ma prison de verre, tu approches ton visage et je t’offre le parfum du vignoble dont je suis issue.