Un flou très sentimental

par EOT

Surplombant la vallée et la balayant du regard, Line laisse échapper une larme. Le crépuscule tombe peu à peu sur les arbres autour, comme sur son âme. Elle a grimpé l’étroit sentier des chèvres avec son chien Touk. Ce soir, elle se sent solitaire, elle a néanmoins besoin d’une présence amie.

Le chien halète, couché à ses pieds. Au-delà le vide et le silence. Les lumières de la vallée s’allument peu à peu, telles des lucioles formant bientôt une longue procession.

Line ausculte ses chagrins un à un. Elle en compte autant que de lumières et d’étoiles. Elle soupire puis ferme les yeux et aspire l’air bien faisant à plein poumons. Elle tente de le garder en elle le plus longtemps possible. Pour que lui, au moins, ne file pas… Mais elle n’y parvient pas et laisse s’échapper le filet d’air par la bouche, tout en laissant couler les larmes. Elle prend ensuite trois profondes respirations, puis souffle intensément en mobilisant chaque pore de sa peau. Elle sent le vide l’envahir petit à petit. Un vide salvateur. Une chouette hulule. Line accueille ce cri qui lui arrache un sourire. La vie nocturne reprend ses droits. Lentement, Line s’assoit au bord de la corniche rocheuse. Elle plonge ses mains dans la fourrure de son chien et ressent soudain un grand apaisement.

La nuit est là, qui l’enveloppe peu à peu comme un grand manteau bleu réconfortant. Les yeux toujours fermés, elle tente de laisser le vide gagner son esprit, d’oublier, de se vider de ses larmes. Elle se sent comme sur le toit d’un monde et endort peu à peu sa peine.