Éternité
par Ka
Du haut de la vigie
Au pied des légionnaires
Dans le soleil couchant
J’ai vu notre rocher
Et les corps
Et l’absence qui léchée par la mer
Salue le cormoran
De sa lèvre rougie.
Du haut de la vigie
Au pied des légionnaires
Dans le soleil couchant
J’ai vu notre rocher
Et les corps
Et l’absence qui léchée par la mer
Salue le cormoran
De sa lèvre rougie.
Aux nuits tombées
En cette nuit d'été Ce ne sont plus les roches que lèche l'eau Agitée mais les tombeaux Anciens à l'orée Les troupeaux allant sans berger Laissent Dans l'oeil halé veaux adorés Une lumière d'incendies, dorée Comme la nuit sous la peau les soleils Salés de la journée sont tombés En cette nuit ailée Ce ne sont plus les roches que lèche l'eau Agitée mais les tombeaux Anciens à l'orée
Savoir-vivre subst. masc. inv. A. vieilli. Habileté à conduire sa vie dans le monde. "Nous tombons. je vous écris en cours de chute. C'est ainsi que j'éprouve l'état d'être au monde." René Char
Dialogue en cours de chute - humain : "Tu ne sais pas vivre." - humain : "Tu ne sais que mourir."
- humain qui rit : "Je n'ai pas le permis."
Sur le toit de l'immeuble
Il y a trois cheminées
Il y a trois cheminées
Et le ciel azuré
Dans le ciel azuré
Volent les goélands
Volent les goélands
À la grâce du vent
À la grâce du vent
Un des oiseaux se pose
Là haut de temps en temps
Un des oiseaux se pose
Là haut de temps en temps
Sur une cheminée
Sur une cheminée
Il y a un goéland
.........................
Et moi à la fenêtre
Dans le soleil couchant
Dans le soleil couchant
je vois deux cheminées
Je vois deux cheminées
Trois goélands peut-être
Et puis un et puis rien
Trois goélands peut-être
Et puis un et puis rien
Juste la nuit qui vient
Juste la nuit qui vient
Sur le toit de l'immeuble
Sur le toit de l'immeuble
Il y a trois cheminées
Il y a trois cheminées
Et un soleil couché.
Ici la ville n'a pas de fin
La route finit en un chemin
Les maisons tarissent
Le chemin ne se nomme pas
L'impasse est celle du mauvais pas
Les sources jaillissent
Le bout du monde n'existe pas
Le bout du monde passera
Et la peau s'hérisse
D'ici la ville n'a pas de fin
Seuls et couronnés au lointain
Les soleils finissent
Si l'eau est seule à révéler
La mémoire des roches
Alors
À nos noyés !
Morts
Des souvenirs plein les poches
Ici la peau n'a pas de fin
La source finira demain
Les soleils trahissent
Mais demain ne se nomme pas
Le monde va du mauvais pas
Les maisons jaillissent
Le bout des routes n'existe pas
Le bout des routes les uns passent
Les autres périssent
D'ici la peau n'a pas de fin
Seules et couronnées au lointain
Les villes finissent
Si l'eau est seule à révéler
La mémoire des roches
Alors
À nos noyés !
Morts
Des souvenirs plein les poches
D'où viennent les feuilles mortes
Qui sombrent sous la peau ?
Quelle est la porte ?
Sinon l'eau.
Dans la ruelle ensoleillée
Les draps pendent comme des drapeaux
Blancs. Les draps sont noirs sur le pavé
Aussi les pieds sautent du ciel
À la terre sans savoir les pieds
Ont les yeux bandés de hasard
Le chemin est toujours le même
Le cabas plein la vieille femme
Au centre le blanc de midi
Vide comme un banc à midi
Au fond à gauche la fontaine
Toi qui saute sur les draps noirs
Sur le fil il y a un oiseau
L'oiseau est posé sur le ciel
Tes pieds le rejoignent d'un saut
Lèves la tête l'oiseau s'affole
Les nuages passent comme le poème
À un oiseau près qui s'envole
Le chemin est toujours le même
Il pleut sur le boulevard
Une femme passe
Parapluie ouvert
les branches sont une voute sans temps
Tête basse pieds impatients
Elle pressée se doute à peine
Les gens sérieux n’ont pas le temps
Il suffisait d’une tête en l’air
L’aurait vu même l’oeil en verre
Le ciel gris rend les arbres verts
La première fois je suis venue
Je suis venue dans la maison
Il y avait du linge de saison
Au fil du jardin pendu
Sur la table un village peint
Blanc comme le pain et les mirages
Le ciel y ressemble à la mer
Les baleines n'ont plus de visage
Un arbre auberge aux oiseaux sages
Se tord comme une serpillère
Lavant la rumeur du rivage
Sur le muret monte le lierre
Le jasmin et les Ruines-de-Rome
Une amphore embouchure large
À y faire passer tête d'homme
Aspire le sort et les orages
la deuxième fois je suis venue
Je suis venue dans la maison
Il n'y avait rien que l'horizon
Au fil du jardin pendu
Des bouteilles vides le cimetière vain
Elles ne verront jamais la mer
L'ivresse qui se passe de verres
Enterre ses noyés à la main
Un profond sillon dans la terre
A ravagé la gorge jaune
Des iris offertes en aumône
Sur le muret fane le lierre
Plantée dans le massif une ancre
Silence d'un tombeau sous-marin
Pose sur le souvenir le chancre
Le ciel abîme l'homme à la mer
La dernière fois je suis venue
Je suis venue dans la maison
Il y avait au fil du jardin
Deux vareuses, pendu un marin.
Abscission : séparation naturelle d’un fruit, d’une fleur, d’une feuille de sa plante due aux réactions entre l’éthylène et l’auxine.
Nous sommes Septembre
La mémoire est restée coucher sous les pins
De sa branche s’est détaché le cœur
Sous le sein
Il ne sait les saisons
Il bat
Et le soleil continue de brûler il bat
Et l’océan salue et se retire il bat
Et les feuilles rougissent il bat
Et la pluie et le vent il bat
Et sur les cimes des fleurs
Hors de la neige se hissent il bat
Et un à un les arbres tombent
Le cœur n’a pas de saison
Il bat contre le temps
Dans le silence des commissures
Dans l’éloquence des lits défaits
Dans les barques armures
À la voile de papier
Il bat
comme la tempête et comme le naufragé
Le soldat de la lune
De ses bras pleins de plumes
Ne sait que battre l’aile
qui n’en est pas une
Il ne sait pas compter
Il ne sait pas voler
Il ne sait pas marcher
Il bat contre le temps
Et un à un les arbres tombent.
Je me souviens d’un soir
dans l’éther les chairs
dissoutes
à la chaleur des pierres.
Nous étions les étoiles
A la fleur des abysses
En pluie ombilicale
Glorieux chevaux d’écume
Dans le galop des cimes
Abandonnés
A la lèvre gonflée des mers calmes
Nous étions le vent
La lumière d’eau pâle
De la lune et du temps
Et l’été comme l’hier
nous revenait avec la mer.