Mes mots rient

Écrits, songes et correspondances

Tag: Poésie

Le reflet de mon âme

par Olivier Ramonteu

 
 
 
 

Etait-ce un arbre au bord de la route ?
U
n grand chêne déployant sa ramure ?
Etait-ce un arbre ? Voilà que j’en doute.
N’était-ce pas plutôt quelque mauvais augure ?
Les serres du destin qu’en mon coeur je redoute ?

Etait-ce un pont par-dessus la rivière ?
L’entrée d’un autre monde, d’une nouvelle vie ?
Etait-ce un pont ou bien une frontière,
La borne d’un pays aux limites finies ?
Etait-ce un pont ou bien une barrière ?

N’était-ce pas une hallucination,
l’étrange mise en forme
de mes inclinations,
le dessin malicieux
de mon âme en ce monde,
étrange mer informe
où se plongent les cieux
pour en renaître, immondes ?

 
 
 
 

La serpillière et l’étoile

par Olivier Ramonteu

Il pourrait y avoir un jour comme ça, où une serpillière rencontrerait une étoile. Mais la serpillière voyez-vous, elle aurait des émotions. Presque des sentiments. Et quand l’étoile s’éclipserait, la serpillière se mettrait à pleurer. Enfin, pas réellement à pleurer. C’est une serpillière. Mais plutôt à relâcher des flots d’eau flétrie sur un sol boueux et lourd. Et là on resterait le souffle court. Attendant, espérant le retour de l’étoile.

(Ballet pour quelques poussières d’étoile, sans spectacle ni musique)

L’Hypotypose et la mort d’une étoile

par Olivier Ramonteu

J’ai vu les étoiles danser
et s’effondrer sur elles-mêmes
j’ai vu des souvenirs inonder l’océan
de larmes atlantiques et de tendresse morte
j’ai vu des galaxies s’embrasser lentement
jusqu’à la fin des siècles jusqu’à la fin des guerres
des météores sous les territoires nus
de corps abandonnés sur l’autel des mots
pleins de leurs cicatrices et de leurs larmes beaux.
Aux premiers pas du monde et de l’aube naissante
j’ai vu le spectre fou d’un dieu sans foi ni loi
chevaucher des nuages en riant aux éclats
j’ai vu des comètes sur l’écume du monde
s’approcher de planètes pour y semer la vie
y cultiver l’amour et en cueillir les fruits
puis s’éloigner au loin comme on quitte un abri
pour traverser la nuit et en trembler de froid
avant de revenir vers sa planète aimante
et s’écraser dessus dans un immense bruit
que l’immense univers traduira en silence.

 

Tu étais la vague et j’étais le rocher

par Olivier Ramonteu

Tu étais la vague et j’étais le rocher
un bout d’île isolé un récif affleurant
la surface des flots qu’une houle perdue
traversa sans ciller et en brisa les os

Là où vont les vagues

par Olivier Ramonteu

La route et le soleil à l’abri des nuages
Ecrire, écrire encore à s’en vider les yeux
Vivre dans le creux de mes vagues à l’âme
Remplir mes poumons du sel de la vie
Traverser l’océan comme une houle hante
Les rêves de marins où baignent des rochers
Quelques chansons encore pour danser dans la nuit
Avec des étoiles dont j’ignore le nom
Quelques chansons encore pour danser dans la nuit
Et finir à genoux en leur criant ton nom
Me noyer tout au fond de rêves atlantiques
Puis surgir des flots comme un cavalier fou
Sur le dos ruisselant de monstres chimériques
A l’assaut vaniteux de ces moulins à vent
Pour tomber dans la boue vaincu par ces géants
Redresser son vieux dos et son pelis de loup
Avancer lentement comme on berce un enfant
Et ignorer ces plaies que l’on a aux genoux
Mourir, mourir encore et mourir mille fois
et puis revivre enfin, revivre à chaque fois
Mourir, mourir encore et mourir mille fois
vivre pour en finir, et pour n’aimer que toi

 

 

 

Mon marin

par Sandrynn

Qu’il est beau mon marin,
Son regard plongé au loin.
Solide comme un rocher,
Il est mon ancre plantée
Au milieu de cet étendue
De vie à perte de vue.
Il est la coque de bois
Qui me protège du froid.
Il n’a pas l’air comme ça,
Mais il compte beaucoup pour moi.
Si lui arrive malheur, tout s’écroule,
Et autour de moi mon monde coule.
Alors j’en prend soin,
De mon beau marin.

Un petit navire sur l’océan

par Olivier Ramonteu

 

 

Notre histoire s’écrit sur l’eau
D’un fleuve noir, d’une mer,
D’un océan sans bateau,
D’une larme au goût amer.

Sur les flots fous elle flotte,
Ballottée de bas en hauts,
Et le vent vif qui sifflote
En a recouvert les mots.

 

 

Sur nos scènes

par Olivier Ramonteu

 

 

 

Sur l’autel ou la scène, là où l’âme flamboie,
Toi qui fais de mon coeur des petits tas de bois,
Toi qui noues dans ma panse des paniers de serpents,
Mon bourreau et ma sainte, mon bûcher indolent,

Quand sur ton sein de pierre je repose ma tête,
Comme un enfant fourbu qu’une comptine entête,
Tu déposes un baiser sur mon front embrasé
Et j’oublie tes affronts, je m’endors apaisé.

 

 

 

La forêt et la mouette

par Olivier Ramonteu

Ça fait haut quand même, vu d’ici. 300m de falaise, comme un prolongement de mes jambes. 300m de vide dont le silence semble battre contre ma poitrine. Je ne suis même pas sûr de ce que je vois tout en bas, avant la cime des arbres. Est-ce un rocher de granit ? Un peu de terre et de graviers ? L’arête aiguë du roc ? Quel contraste avec cette grande mer verte qui ondule langoureusement au gré d’un vent chaud et lent ! Qu’elle semble calme et bienveillante ! Si je prenais assez d’élan, peut-être parviendrais-je à l’atteindre pour finir absorbé dans ses grands bras aimants, sentant le pin et la lavande.

Je sens comme un picotement au bout de mes pieds. Comme si quelque chose voulait sortir de moi par cette extrémité de mon corps. Je les sens frotter la terre meuble et je vois quelques cailloux tomber lentement le long de la paroi et disparaître infiniment minuscules et sublimes. Au-dessus de moi, une mouette tourne en rond. Je la sens. Je l’entends battre des ailes puis disparaître dans l’immensité arctique de l’azur.

Une main se pose sur mon épaule. Je souris.

Les ivrognes et la mer

par Olivier Ramonteu

 
 
 
 
 

Pourquoi tous les ivrognes veulent-ils prendre la mer ?
Dis-moi, sais-tu où j’ai mis mon bateau ?
Il y a du vent, je le sens. Je le sens sur mes yeux pleins de sel.
Dis-moi, quelle est la couleur tout au fond de la mer ?