Évolution

par Dr Awkward

De la première vague du premier océan, du plus loin que remonte la mémoire de la mer et de la terre, la vie croît où se croisent les chemins.

Échanges, mélanges, la seule règle c’est évoluer ou laisser la place.

La roue tourne, la route change. Pourtant, pourtant, pourtant… L’organisme et l’individu parfois résistent aux changements car il est douloureux d’assister à l’avènement des successeurs, car parfois la ligne est condamnée, car on craint d’avoir été un accident, un essai et une erreur… Une hypothèse trop longue à réfuter.

On résiste car il est difficile d’admettre ou de croire qu’un autre soit mieux adapté que nous. Quand nos valeurs patiemment érigées sont bafouées c’est la colère ou l’amertume qui jaillit à leur place. Prophètes alors d’une inéluctable dystopie nous annonçons les flammes pour qui s’éloigne de nos voies.

D’autres, que le sort favorise, sourds à nos récriminations, suivent la voie de l’évolution. Hybrides leur langue, leur nourriture, leurs pensées et leurs corps, lueurs d’espoirs…

Mais jusqu’où distinguera-t-on leur ligne dans le règne qui s’avance ? Invoqueront-ils eux aussi l’évidente adaptation de leur race quand viendra l’heure de laisser la place ?

La roue tourne et tous ceux qu’elle broie plaident avec les mêmes arguments quand c’est eux qu’elle écrase.

Mais alors, qui craint le moins d’être mû sinon le moyeu lui-même, et comment s’y élever ?